29/05/06 Lever de Rideau sur un petit génie !
Interview avec SAMUEL GANES, Comédien et
Metteur en Scène
Traversant Paris à vélo (au
moins quelques rues de paris), je me sentais prête à conquérir le monde
. Et
surtout Samuel Ganes, jeune premier à laffiche de PENIS
DESIDERANTIS, que jallais interviewer.
Je lattendais patiemment dans le bar du théâtre, sobrement (pas
dalcool pendant le service), lorsque je vis passer une minuscule souris,
qui trottinait de canapé en canapé. Je nai pas pu mempêcher daller la
voir de près, vous savez les animaux à Paris, y en a pas tant que ça
mis à part les pigeons. Et bien, croyez moi ou non, elle na paru nullement
impressionnée de se retrouver face à face avec SandraNight et
elle a continué à vaquer à ses petites occupations.
Lorsque je racontais ça à Samuel, il me répondit quil ne fallait
surtout pas la tuer ; comme si javais une tête de tueuse de souris
Samuel, je te préviens, je nai vu aucune de tes pièces et ne
connais de ta biographie que ce quil y a sur ton site, mais je compte bien repartir
avec tout le reste dans mes petits papiers ! |
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SandraNight :
Jai lu que tu es né le 1er avril 1977, où ça ?
Samuel : A Tours
SandraNight : Tu
as décroché ton premier rôle à 12 ans. Ce nest pas un peu jeune
ça ? Tu es issu dune famille dartistes ?
Samuel : Non, pas du tout. En fait, vers 10 ans, pour nous occuper le
mercredi après-midi, ma mère m'avait inscrits à des cours de musique. Moi, la musique
jai tout de suite vu que je nétais pas doué. Comme jétais un enfant
très timide, elle ma donc inscrit à des cours de théâtre dans une MJC.
Jy ai rencontré Madeleine Gaudiche, qui donnait des cours mais qui
dirigeait aussi la Compagnie RA. En un an, ma mère ne me reconnaissait plus sur
scène, tellement le théâtre mavait transformé ! Et en effet, la
Compagnie a décidé de me confier mon premier rôle à 12 ans.
SandraNight : Le
théâtre ta til aussi transformé dans ta vraie, vie, ou tu perds ta
timidité juste sur scène ?
Samuel : Oui, vraiment il ma libéré. Bon je reste un
timide, dans la vie de tous les jours, mais rien à voir avec avant. Et puis le
théâtre ma donné la passion du texte : le maîtriser, jouer
avec
SandraNight : Te
souviens-tu de ce que tu as ressenti la première fois que tu es monté sur scène devant
un public ?
Samuel : Oui (rire) très bien. Cétait une saynète et je
devais balancer un truc, un jouet je crois. Ca ma donné limpression
dêtre aspiré par un grand trou noir, avec la lumière des
projecteurs tu ne vois rien devant toi mais ça tattire
. Le texte me
dope. Au début de toutes façon je ne voulait pas voir les gens, maintenant si
au contraire !
SandraNight : En
1996, tu rentres au Conservatoire National de région Emmanuel Chabrier
(en Auvergne), alors que tu avais déjà un petit parcours derrière toi.
Pourquoi as-tu décidé dentamer des études à ce moment là ?
Samuel : Il me fallait un vrai diplôme et des vrais cours pour me
construire d'avantage. Javais eu mon Bac en parallèle de mes premières pièces et
le conservatoire cétait la suite logique.
SandraNight : Tu
as suivi une vraie scolarité pour passer ton Bac?
Samuel : Oui oui ! Jai dailleurs passé mon Bac lannée
où jai joué dans « Noce de sang », mon 1er grand spectacle.
Je nai pas pu passer un Bac littéraire option théâtre comme je laurais
voulu, alors comme javais aussi pensé être psychodramatiste, jai passé un
Bac Socio
SandraNight : Psy-cho-dra-ma-tiste?
Cest quoi?
Samuel : Le concept vient de Moreno
(bon je vous résume ce quil ma dit, parce que je pense quil aurait
pu men parler pendant des heures, lessentiel cest que vous ayez compris
le concept). Cest un metteur en Scène. Il sest rendu compte quen
faisant jouer le drame sur scène, les gens ne le vivent plus dans leur quotidien, parce
quils extériorisent leurs pulsions. Exemple : un couple jouait tous les soirs le
rôle dun couple idéal qui fonctionne à merveille. Dans la vraie vie ils se
disputaient tout le temps. Moreno leur à fait jour un couple qui se
déchire, ils ont arrêté de se disputer. Cest devenue la base dune
thérapie.
SandraNight : Tu
dis que « Noce de sang » était ton premier grand spectacle ?
Samuel : Oui, pour moi cétait vraiment autre chose, parce que tu
vois dans les MJC je ne jouais quavec des gens de mon âge. Alors que pour « Noce
de sang », cétait une vraie troupe, de 14 acteurs de tous âges. Ca
ma beaucoup appris.
SandraNight : On
ta aussi confié très tôt une mise en scène, comment expliques tu ça ?
Samuel : Cest moi qui ai demandé à mettre en scène « Harold
et Maud ». Michèle Bouquet, qui donnait des cours (et a joué
dans la pièce ensuite) avait confiance en moi. Elle a convaincu le directeur
du théâtre de me donner du crédit pour réaliser cette mise en scène.
SandraNight : Des
souvenirs du conservatoire ?
Samuel : Oui ! Cétait dur (soupir).
Enfin je veux dire, quaprès 3 ans, nous en avions tous un peu marre ; nous étions
bêtes, nous aurions dû en profiter, mais nous avions 60 heures de formation par
semaine. La dernière année, je travaillais sur 14 pièces
SandraNight : 14
pièces à la fois ?
Samuel : Oui, entre les pièces, les saynètes
, et comme
javais loption « mise en scène » je dirigeais une autre
pièce dans laquelle je ne jouais pas mais dirigeais des élèves de 3ème et de 2ème
année, et moi même jouais dans les pièces mises en scène par mes camarades ...
beaucoup de travail, tu vois.
SandraNight : Et
après lAuvergne tu débarques à Paris. Quand
exactement ?
Samuel : Ma dernière représentation de la Cérisaie (de Tchekov)
était le 28 juin. Le 8 juillet, jarrivais à paris pour chercher un appart
SandraNight : Tu
es venu à Paris pour le travail ?
Samuel : Oui et non, jai toujours eu envie de vivre à
Paris. Je crois que cest en toi : tu sais si tu as envie de vivre au milieu
de la foule ou non. Moi jai besoin de voir vivre les gens. A Paris, ça
bouge tout le temps, il y a toujours des choses à faire, des spectacles à voir,
des gens à croiser, même si tu ne le fais pas, tu sais que tu peux le faire si tu le
veux. Mais maintenant cest très dur de retourner en Province
plus tard
SandraNight : Et
tu habites où ?
Samuel : Quand je suis arrivé je me suis installé dans le 3°,
aujourdhui je vis dans le 19ème, cest beaucoup mieux.
SandraNight : Et
en arrivant à Paris tu attaques immédiatement avec le théâtre ou bien comme
beaucoup tu fais dautres boulots à côté ?
Samuel : Ouhais, bien sûr jai fait plein dautres boulots.
Jai été vendeur dans le prêt à porter, secrétaire, coiffeur, jai un CAP
coiffure
SandraNight : Mais
tu as combien de diplômes ?
Samuel : En fait je mintéresse à plein de choses... jai
aussi le BAFA, alors plus jeune jenseignais lart dramatique aux
enfants ! Jai aussi travaillé au Sun City (pour le
reste du monde, je précise que cest un Sauna du marais) où jétais
responsable communication et je gérais la direction artistique, jy
suis resté 6 mois. En parallèle de ces boulots, bien sûr je jouais. Mais depuis le Sun
City, je me consacre à ma pièce.
SandraNight : Qui
se cache derrière Karma Théatra ?
Samuel : Juste Cyril Caremier, Taj et
moi. Jai monté cette compagnie et je leur ai proposé de travailler avec moi, parce
que japprécie leur façon de travailler et voilà. Ca me permet de
monter ce que je veux.
SandraNight :
Justement, comment tes venue lidée de mettre en scène ce texte, un peu
atypique et surtout peu connu ?
Samuel : Bon ! Il faut remonter à « Hyènes », le monologue
que nous avons monté lan dernier. Nous avions envoyé ladaptation à
lauteur bien avant de commencer les répétitions, afin dêtre sûrs que ça
lui convenait. Il ne nous a pas répondu. Quand nous lavons appelé, il nous a dit
quil navait pas eu le temps de répondre, mais il a donné son accord par
téléphone. Lhistoire est celle dun condamné à mort. Il se
livre au public avant son exécution. Dans mon adaptation, jai
voulu laisser de côté tout le contexte historique et géographique pour en faire un
personnage intemporel, et mettre en évidence son côté bestial et primaire. On commence
à jouer, ça marche bien. Lauteur vient voir la pièce et me contacte après pour
me faire savoir, quil ne reconnaît pas son texte et quil souhaite que je
revienne à son texte. Jai refusé et nous avons tout arrêté.
Jai dû chercher un autre monologue.
SandraNight : Excuse
moi je te coupe, mais pourquoi un monologue, pour moi cest ce quil y a de plus
difficile à jouer, non ?
Samuel : Ce quil y a de bien avec un monologue,
cest que tu nas de comptes à rendre à personne, tu joues
seul donc tu torganises comme tu veux. Dans une troupe, il y a toujours des
comédiens qui sinvestissent moins, qui nont plus le temps, plus lenvie,
qui te lâchent en cours de route, qui nont pas envie de reprendre, etc
Un
monologue tu le travailles à ton rythme, tu le joues quand tu veux, et tu peux le
reprendre nimporte quand, entre deux autres pièces si tu en as envie.
SandraNight : Ok,
bon, donc tu pars à la recherche dun nouveau texte ?
Samuel : Oui. Jai trouvé ce texte « Roman dun inverti
né ». Mais cest un texte très fouillis, un peu chiant à lire. Donc je ne
my suis pas arrêté et jai cherché autre chose. Je suis Hindouiste,
jai pensé à un texte indien.
SandraNight : Ah
bon ! Pourquoi es-tu devenu Hindouiste ?
Samuel : Comme ça (je sens que Samuel na pas trop envie
den parler). Oui, en fait ça mest un peu tombé dessus. Je me suis
dabord intéressé au Bouddhisme vers 13-14 ans. Et puis je me suis
pris de passion pour le Dieu éléphant, Ganesh (Ganes/Ganesh,
ça serait trop beau pour être une simple coincidence !!!!) à 18-19 ans, qui
ma complètement ébloui avec son côté hybride homme-éléphant,
voilà je me suis porté peu à peu sur lhindouisme.
SandraNight : Et
ça se traduit comment dans ta vie de tous les jours ?
Samuel : Méditation, thé, encens, huiles et puis une philosophie de
vie
.
SandraNight : Et
ce texte indien alors ?
Samuel : Non, pas facile à monter, à rendre intéressant pour un public
de théâtre. Alors je suis retourné sur le roman dun inverti et petit à petit il
ma plu. Je me suis dit que je pourrais en faire quelque chose
datypique. Je tenais à en faire une adaptation accessible mais en
conservant une part du fouillis Originel. Le personnage me plaisait. Je
me sentais bien de le jouer, car il est dramatique mais moins écorché vif,
que les personnages que jai pu interpréter jusquici. Et puis au moins, je
savais quel public jattendais (le public gay, vous laurez compris),
cest un public qui répond assez bien.
SandraNight : Et
ton adaptation a été éditée ?
Samuel : Oui, je lai envoyé sans trop y croire, aux
Editions Gays et Lesbiennes (édition d'un autre conte sur lequel il
voulait aussi travailler) et ça a plu (Samuel a 3 autres livres
en préparation, jai hâte de lire ses prochaines créations car cet
homme est probablement un génie pour avoir autant de cordes à son arc).
SandraNight : Comment
réagit ta famille ?
Samuel : Pas de problème de ce côté là. Le livre est en vente à la
FNAC (et chez VIRGIN), avec un titre pareil, impossible de mentir sur mes intentions
(rire) !!!!
SandraNight :
Il ny a pas beaucoup de représentation, tu joues le vendredi et jusquà fin
juin seulement.
Samuel : Nous démarrons tranquillement. Et nous verrons en fonction du
public si nous la reprenons et à quel rythme. Mais à priori, il est prévu de la
reprendre à la rentrée. Nous ne savons pas encore où, ni quand. Rinato,
le directeur de lEspace Comédia, souhaitait faire une
programmation « coquine » sur les représentations de 22h. Mais pour
linstant il ny a que ma pièce. Jaurais bien aimé prendre le créneau
de 20h, il y aurait eu, je pense, plus de monde.
SandraNight : Bon
jy reviens, un monologue, ce nest pas trop dur? Tu aimes te
mettre en danger pour rester seul sur scène aussi longtemps ?
Samuel : Cest difficile de juger, je lai adapté et
cest moi qui joue
. Un monologue cest dur quand il
ny a pas de retour du public. Dans le cas présent, le public doit être super
attentif au texte, peut-être quil y perd en spontanéité. Le public
des premières représentations était hyper généreux, un peu moins
pour les suivantes. Cest dur, car on sy habitue, et on attend des rires là
où il ny en a plus
.
SandraNight : Peux-tu
nous parler du personnage que tu interprètes?
Samuel : Cest un personnage
qui a une grande part dramatique. Cest un homosexuel
qui ne peut sintégrer dans la société. Il porte donc la frustration,
sexuelle surtout, la solitude, le rejet, doù son cynisme.
Il sait quil ne peut rentrer dans le schéma classique et reproduire le
modèle parental, il ressent la déception, le malheur
et oui la solitude. Cest un personnage qui reste complètement dactualité.
SandraNight : Et
toi tu ressens tous ça aussi?
Samuel : Jai conscience que ça existe
SandraNight : Nous
navons plus beaucoup de temps, deux mots sur toi... quelles sont tes autres passions
? Tu fais du sport ?
Samuel : Oui du skate board, ce
qui plait beaucoup à mes amants (rire). Mais maintenant jen fais
un peu moins dailleurs, je fais du BMX.
SandraNight : Mais
jai lu que tu pratiquais plein de disciplines tai-chi, yoga,
etc
Cest lié à lHindouisme ?
Samuel : Cest la contrepartie de vivre à
Paris, jai beaucoup moins de temps pour faire tout ça.
SandraNight : Et
la danse, cest pour les besoins du théâtre ou cest une envie personnelle?
Samuel : Quand jai fait le conservatoire de théâtre, je
voulais aussi faire le conservatoire de danse. Jai été pris aux deux. Le
théâtre, cétait plus ce que je voulais. La danse pour moi ça se limitait à
danser dans ma chambre. Parfois, javoue que je regrette presque de ne pas
avoir choisi la danse, pour cette technique et cette rigueur que
développent les danseurs, ce rapport au corps. Cest un art que personne ne
peut te prendre, tu las en toi, bon le malheur cest quand il
tarrive une tuile et que tu ne peux plus pratiquer. Mais le théâtre, tout le monde
peut en faire, enfin tout le monde croit pouvoir en faire. Sous prétexte
davoir barboté dans une piscine devant les caméras, il y en a qui nous prennent
des rôles. Sans parler des fils de
qui nont rien prouvé
quand on leur donne leur première chance. En attendant le temps
passe pour moi
SandraNight : Tu
sors en boîte ?
Samuel : Non je naime pas la musique qui passe en boîtes. Et puis
je ne suis pas trop milieu, enfin un peu mais pas trop. Disons que je préfère
être avec mes amis dans des bars, ou des lieux chauds !
SandraNight : Tu
écoutes quoi alors comme musique?
Samuel : De la musique plus spirituelle, Tori Amo par
exemple. Jaime aussi le modern jazz, et la musique
contemporaine !
SandraNight :
Bon
Samuel : Tu avais dautres questions ? (Hého, cest moi
qui pose les questions !)
SandraNight : Non,
non, je crois que jai fait le tour et puis apparemment il est lheure pour toi?
Samuel : Oui je vais me chauffer la voix, on se voit après la pièce?
Je ressors un peu flageolante de sa
loge. Il faut dire que je viens de passer près de 30 mn à admirer sa
plastique pendant quil se préparait. Oui, une fois nest pas coutume,
linterview a eu lieu en caleçon, enfin pour lui surtout ! Tout avait
pourtant commencé normalement, habillé je veux dire, mais comme il était pressé, il
ma proposé de poursuivre pendant quil se travestissait
on est bien plus à laise en boxer pour se maquiller non ?
Vous comprenez mon émoi ?!
Jai eu tout loisir de contempler ses tatouages (dont un Dieu
Ganesh sur les trois quart du dos) et son anneau (non, je ne
vous dirais pas où, cest perso !).
Fait saisissant, Samuel a
changé au fur et à mesure quil se transformait physiquement. Du garçon
timide et doux sous sa casquette du début, il nest rien
resté une fois glamourisé. Lassurance la gagné, à moins
que son personnage nai pris possession de lui !
Je gagne mon fauteuil, dans le public Robert Oberlin est là pour
vérifier si son protégé suit pieusement ses conseils.
1
2
, attention le spectacle va commencer !
PENIS DESIDERANTIS
..
tout un programme !
 |
Il fait noir et tout est silencieux.
Pour une fois, je ne suis pas dans un club, mais dans une salle de théâtre.
Je vous en bouche un coin, non ? SandraNight qui se cultive,
jentends déjà les Oh et les Ah qui fusent
Oui oui, je sais
très bien limage que vous aviez de moi : superficielle, voir
frivole ! Je tenais à faire cette mise au point, voilà cest dit, je ne
suis pas quun être fait de lumière et de paillettes !
Mais reprenons. Tout est noir et silencieux jusquau moment où Samuel Ganes
surgit, juché sur des bottines vernies, rouges lOréal,
tirant derrière lui des kilomètres de traîne (bon disons plusieurs mètres),
travesti en dandy à la Jean-Paul Gautier (cest leffet
corset) et maquillé (un seul il, cest ce qui donne
ce visage si fantasque) comme une danseuse de cabaret ! |
Et cest parti pour 1h15 de
déballage de mots aigres-doux et de règlement de compte.
Car si Samuel est ainsi affublé, cest pour interpréter un
rôle terriblement dramatique, terriblement sarcastique,
terriblement drôle aussi parfois dans son analyse de la
société et son mépris, mais surtout simplement actuel,
malgré le grand siècle qui nous sépare de ce texte.
On ne saura jamais qui se cache derrière ce personnage
Un
aristocrate Italien, qui a pris toutes les précautions pour quon ne le
retrouve pas lorsquil a envoyé cette confession à Emile
Zola. Le texte fut publié en 1896 par G. St Paul (Dr
Laupts), sous forme de 4 interminables lettres fastidieuses
et resta donc peu connu. Samuel Ganes en a fait une adaptation
dynamique et accessible, pour mettre en exergue tout le
ressentiment et le narcissisme qui habitent cet homme, le
détruisent autant quils le portent.
Ce personnage est sans cesse partagé par ce quil veut et attend, tiraillé
par ce quil peut et ne veut pas, veut et ne peut pas. Il se livre donc,
sous les traits dun Samuel Ganes sans fausse note, qui passe du
rire (certes jaune) aux (presque) larmes, du désir
à la souffrance. Et Samuel laccompagne
sans jamais faiblir, prenant le public comme complice
ou parfois comme bouc émissaire
(cest du Happening,
cest cool, ce soir jai appris un mot !).
Un monologue ça veut dire seul, toujours seul.
Frémir seul quand le public ne réagit pas, blêmir seul quand
le blanc approche. Alors la solitude de notre bonhomme, lacteur ne peut que
la ressentir ! Aucun moment de répit non plus pour se reprendre, il faut
venir à bout de ce texte, qui ne peut laisser insensible, même si les spectateurs ne le
disent pas. Pas le temps. Trop de mots en même temps, trop didées, trop de
phrases, trop daccusations portées.
La pièce nen nest quà ses débuts. Au fil des représentations,
Samuel Ganes ne pourra que gagner la confiance suffisante pour solliciter
davantage le public et le pousser à réagir, peut-être en lui laissant plus de
temps pour la faire, entre chaque tirade. Car les spectateurs, peu habitués à être pris
à parti (et moi la première), sont encore frileux lors de ses exhortations. Et lambiance
très intimiste accentue cette appréhension.
Lorsque le rideau se ferme sur cette toute
petite scène (ah non cest vrai pas de rideau, juste Samuel qui
sen va
), jen étais arrivé à croire que notre anonyme
était réellement parmi nous ce soir. Sa fragilité beaucoup la
porte en eux, mais heureusement aussi, beaucoup la dépassent. Les questions sont posées,
le débat est ouvert, mais cest sur une touche de jovialité et
donc despoir que le dandy nous quitte, tant quil y a de la
vie, y a de la fête et le vice versa !
Inutile dattendre, pas de rappel. Samuel reste sobre, pas comme son
personnage !
Je regarde sortir un public de tous âges, mais plutôt de sexe
masculin.
Ce spectacle ne plaira pas à tout le monde,
tenons nous le pour dit ! Certains napprécieront pas le genre « monologue
». Dautres seront peut-être choqués par les jeux de Samuel avec son Gode
(rien a voir avec Dieu), tel fut le cas de deux jeunes hommes tout près de moi, qui
détournaient la tête dès que Samuel empoignait lengin, bien que
leurs yeux, je vous le garantie, ne demandassent quà regarder encore
Elle
en renverra dautres vers leurs vieux démons !
Et pourtant
Et pourtant cette heure passe vite.
Et pourtant Samuel Ganes nest pas vulgaire. Si le Gode rend son
personnage encore plus ridicule, il nest quun ustensile de théâtre.
Je rejoins les amis de Samuel qui
lattendent pour boire un verre. Jai eu le plaisir de
linterviewer pendant sa préparation (non, je ne lai pas vu nu !), je
tenais à lui faire une bise avant de partir.
SandraNight
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